L’évaluation comme outil de surveillance
Le communiqué syndical de la CGT éducaction complet ici
En ce jour de pré-rentrée, les enseignant·es de première et terminale générales et technologiques vont être confronté·es à un bouleversement de leurs pratiques. En effet, le contrôle continu, qui compte pour 40% du baccalauréat, sera intégralement calculé sur la base des moyennes annuelles des élèves. Cette évaluation en contrôle continu ne jouera plus son rôle formatif pour aider les élèves à mesurer leurs progrès et leurs be-soins dans une relation pédagogique de confiance. En effet, puisque tout compte pour le baccalauréat, même les évaluations dites « formatives », invoquées dans la circulaire, sont une mesure du « niveau » qui va jouer dans Parcoursup.
En conséquence, elle accroît la pression pesant sur les élèves, les familles et les enseignant∙es et accroit l’« effet de réputation » des établissements dans le contexte de concurrence pour l’accès à l’enseignement supérieur.
Pour encadrer ce contrôle continu, le ministère préconise de construire un « projet d’évaluation » par équipe au sein des établissements, que devront mettre en oeuvre les enseignant·es, afin de définir des « principes communs » mais aussi de « formaliser les différents types d’évaluation », de « prévoir des temps d’évaluation organisés à l’échelle de l’établissement »… Sans oublier que le « guide de l’évaluation » publié en 2020, dont certain·es s’inspireront sans doute, définissait même le nombre minimal de notes par trimestre.
Sous couvert d’harmoniser les pratiques, on concrétise l’«évaluation-surveillance», transformant l’outil en finalité : on réduit la liberté pédagogique, on multiplie les épreuves communes, on impose parfois des pro-gressions communes et on donne des outils de pression sur les personnels. En réalité, on accentue la dimen-sion locale du baccalauréat puisque chaque établissement aura son projet.
Illusion de protection contre d’éventuelles pressions des familles, ce projet risque de se transformer en car-cans dans lesquels les personnels se seront eux-mêmes enfermés. Sans parler de la gestion des absences aux évaluations qui va rapidement devenir une usine à gaz.
Si une réflexion collective et approfondie doit irriguer les pratiques d’évaluation, les deux journées banalisées prévues à cet effet sont largement insuffisantes et se limiteront à établir les instruments de contrôle systéma-tique. La CGT Éduc’action invite les personnels à refuser de construire ces projets locaux et à se servir des jour-nées banalisées pour entamer une réflexion pédagogique plus large sur la question de l’évaluation.
Il y urgence à redonner une valeur formative à l’évaluation et à retrouver un baccalauréat reposant sur des épreuves finales et ouvrant aux élèves le libre accès à la licence de leur choix.
Montreuil, le 1er septembre 2021

