Face à la détermination des collègues et des camarades en lutte contre les “auto-évaluations d’école », Blanquer multiplie les actes d’intimidation !
La CGT Educ’action Mayotte reste déterminée et apporte son soutien à tous les camarades en lutte et à ceux qui subissent des pressions, tout en continuant de porter ses revendications pour combattre ces phénomènes.
Mardi dernier, un directeur d’école est passé dans le bureau de la DASEN pour avoir osé suivre l’avis de ses collègues de l’école.
En septembre 2021, son école est désignée « volontaire-d’office-obligations-de-services-blablabla » pour expérimenter le dispositif « auto-évaluation d’école ». Malgré la charge supplémentaire, les collègues se mettent au travail. Des heures et des heures de travail, gratuites et non compensées! Le directeur ne ménage pas ses forces et anime l’équipe. Ils obtiennent une première production écrite qui est soumise à un groupe d’inspecteurs-trices venus visiter l’école. En février 2022, le directeur reçoit le « compte rendu final » de l’auto-évaluation et le communique aux enseignants.
Et c’est la consternation parmi les collègues!
Ce rapport final ne correspond en rien à ce qu’ils ont produit:
- aucune mention explicite concernant l’environnement social très défavorisé mais seulement cette phrase laconique « les enfants se rendent à pied à l’école” ;
- rien sur les besoins de l’école spécifiques et concrets – en locaux, remplaçants, matériel, RASED- mais une succession de termes fumeux tels que « Amplifier les temps de concertation en corrélation avec le système de pondération » ;
- l’ajout d’informations totalement fallacieuses comme celle évoquant la présence supposée d’une infirmière dans l’école qui a, en réalité, fait 4 ou 5 passages sur 2 années scolaires.
Par contre, ce rapport fournit, dans une colonne dénommée « axes stratégiques à mettre en œuvre », 31 nouveaux objectifs à mettre en œuvre par le directeur de l’école et 9 par les enseignants. Les 5 « axes stratégiques à mettre en œuvre » à destination de l’inspection académique sont, quant à eux, constitués principalement d’actions de formation qui figurent déjà et depuis de longues années dans les missions des IEN.
Les enseignants de l’école décident à l’unanimité de rejeter ce rapport. Ils l’écrivent dans une lettre signée par toute l’équipe. Le mercredi 16 février, les inspectreurs-trices sont dans l’école pour remettre leur fameux rapport définitif, sans permettre une quelconque modification, sans aucune concertation ni possibilité de transformation !
Les enseignants expriment leur rejet et l’ambiance est tendue.
Les inspectreurs-trices oublient vite que crier n’est pas un argument même si c’est pour répéter qu’ »il faut faire avec les moyens qu’on a! » défendant de fait l’idée que Mayotte, c’est la sous-France !
Rien n’y fait, les enseignants restent fermes : ce rapport ne répond en rien à leurs besoins. Il n’est que le prétexte à leur imposer des contraintes supplémentaires. L’inspection académique refusant mêmer de faire figurer dans ses obligations la création d’un véritable RASED ou bien la présence d’un coordonateur REP+. Arrive enfin le 19 avril, date à laquelle le directeur se fait broyer dans le bureau de la DASEN pour avoir osé prendre le parti de ses collègues.
- nous alertons tous les collègues des écoles de Mayotte : il faut refuser l’ »auto-évaluation d’école » qui va être demandée dès septembre dans toutes les écoles de l’académie. Ce n’est qu’un prétexte à plus de contraintes pour les enseignants et pour les directeurs-trices;
- nous devons affirmer les besoins de nos écoles : des remplaçants en nombre suffisant; des maîtres et maîtresses spécialisées dans des RASED dignes; des formations répondant aux besoins réels des enseignants; des maîtres et maîtresses UPE2A en nombre suffisant, des locaux dignes, des équipements suffisants pour l’exercice de notre métier; des personnels de santé et de suivi médical des élèves, tels que le prévoit déjà la loi de 2019; le classement en REP+ de tous les établissements scolaires de Mayottte;
- Nous mettons en garde le recteur et la DASEN : Tous les enseignant-es de Mayotte sont solidaires de notre collègue directeur: si vous touchez à l’un d’entre nous, c’est à nous tous que vous vous en prenez! Ce n’est pas en maltraitant les enseignants à la tâche tous les matins que vous attirerez de nouvelles vocations !
A Mayotte, les ressources humaines sont rares. Prenons-en le plus grand soin !
La CGT Educ’action poursuivra ses actions contre la loi Rilhac, contre l’auto-évaluation et la réforme des REP. Elle ne lâchera rien sur ces questions, ne se laissera pas intimider. Elle appelle chacun de ses militants à continuer d’aller au débat avec tous les personnels, afin d’élargir la mobilisation sociale pour faire face à la politique de casse de l’Education.
Avec la CGT Éduc’action, exigeons l’abandon de ses auto-évaluations car porteuses :
- d’une dangereuse doctrine managériale ;
- de contrats d’objectifs et de rentabilité ;
- d’une nouvelle territorialisation et déréglementation des projets d’école ;
- d’une nouvelle attaque contre la liberté pédagogique des équipes ;
- de mal-être et de culpabilisation des personnels
Nous n’avons pas besoin de l’auto-évaluation et de la contractualisation, et encore moins de la concurrence et du management privé, capitaliste. Mais nous avons besoins d’une augmentation massive des moyens, d’une embauche massive des personnels enseignants et non-enseignants pour permettre une Éducation de qualité, gratuite, accessible à toutes et tous, allant de paire avec des conditions de travail et des conditions d’études décentes.
1er.degre.cgt.mayotte@gmail.com / cgt.mayotte@gmail.com
www.cgteducactionmayotte.com
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